Séance 1 - Rencontre avec Damien Scalia
À l’occasion de la sortie de son ouvrage Génocidaire(s) : au cœur de la justice internationale pénale, ce webinaire sera consacré à un dialogue avec le Pr Damien Scalia, dont les recherches spécialisées sur la Justice pénale internationale présentent la particularité d’être orientées autour des auteurs de crimes de masse. Il portera tant sur ses travaux, que sur son parcours.
Pr Damien Scalia
Damien Scalia est Professeur de droit pénal et droit pénitentiaire à l’Université libre de Bruxelles, ainsi que Professeur invité (en droit international pénal) à l’Université de Lausanne. Après avoir réalisé un doctorat en droit (international) pénal à l’Université de Genève et de Paris-Nanterre, il a conduit de nombreuses recherches sur les peines telles qu’appliquées au niveau international. Pour ce faire, il a été Visiting Scholar dans différentes universités : à la Colombia Law School (New-York, EU), au Irish Center for Human Rights à Galway (Irlande), au Oxford Institute for Ethics, Law and Armed Conflict (Oxford University – RU) ainsi qu’à l’Université catholique de Louvain (Belgique). Le Pr. Damien Scalia a été un des trois experts qui ont travaillé avec l’IFJD dans le monitoring des trois prisons de Bangui, à savoir Ngaragba, Camp de Roux et Bimbo, au sein du projet « Améliorer l’accès à la justice et la protection des droits humains en République centrafricaine », mis en œuvre à travers la Convention EIDHR/2019/411-619, financé par l’Union européenne et mené en partenariat avec Avocats Sans Frontières Belgique (ASF). Ce projet a conduit à la publication d’un rapport qui peut être consulter ici.
Après des années passées dans l’ombre de ses critiques, la justice internationale pénale semble faire l’objet d’un regain d’intérêt de la part de la communauté internationale. Face à la guerre ou en parallèle de celle-ci, elle est aujourd’hui de nouveau invoquée comme la réponse la plus adéquate aux crimes de masse. Pourtant, ses limites et écueils continuent d’affecter les fonctions d’apaisement qui lui sont prêtées. Le présent ouvrage entend (re) mettre en lumière ces failles, par un éclairage inédit : il donne la parole aux personnes poursuivies ou condamnées comme « génocidaires » ou « criminels de guerre ». Ces personnes, l’auteur les a rencontrées et écoutées longuement, non pas pour étudier leur passage à l’acte criminel, mais pour mieux appréhender, grâce à l’analyse de leur trajectoire et de leur expérience, les rouages, le fonctionnement et les fondements des juridictions internationales pénales. Il en est né une critique inédite qui conduit à reconsidérer la place du droit pénal dans la reconstruction des sociétés brisées par la guerre. À l’heure où des crimes similaires captivent l’attention du monde occidental, la gestion de l’après interroge toujours. En s’obstinant à ignorer la parole des personnes qui en sont coupables, la communauté internationale ne fait qu’apporter une réponse partielle et partiale à une question qui ne cessera, inéluctablement, de se reposer.