Mémoires de guerre – Peuples en lutte

juin
2019
Du 30/06/2019 00:00 au 07/07/2019 00:00

Participants

Festival et Forum de Baigorri

Plaquette de présentation

Galerie photos

Le Festival du film documentaire et le forum public « Mémoires de guerre – Peuple(s) en lutte(s) » se sont tenus en parallèle de l’université d’été sur le thème « Peuples autochtones et Justice transitionnelle ». Toutes les projec-tions étaient suivies de discussions.

Le Sol sur lequel nous nous tenons est sacré. C’est la poussière et le sang de nos ancêtres.

Cette phrase du chef amérindien Plenty Coups de la tribu des Crows illustre bien le paradoxe contemporain des peuples et des cultures autochtones. Plongés – bien malgré eux – dans un environnement hostile, ces peuples, aux racines ancestrales, fragilisés par leur histoire récente, s’inscrivent dans un rapport au monde qui leur est propre et les distingue des sociétés contemporaines. 

Il est d’ailleurs aujourd’hui difficile de les définir. Le peuple autochtone est, d’abord, celui «  qui est de la terre même », c’est-à-dire le « peuple premier ». Ainsi, par communautés, populations et nations autochtones, on peut entendre celles qui, liées par une continuité historique avec les sociétés antérieures aux invasions coloniales, se jugent distinctes des autres éléments des sociétés qui les dominent à présent sur leurs territoires. Cette «  douleur historique », faite des génocides subis et de leur mémoire, est fondamentale pour les comprendre. Les peuples autochtones sont les peuples de la do-mination et de la répression. L’ONU les identifie d’ailleurs par le traitement, auxquels ils ont été et demeurent, très souvent, soumis. Ils sont ainsi les peuples « exclus des processus décisionnels, dont nombre d’entre eux ont été marginalisés, exploités, assimilés par la force et soumis à la répression, à la torture et au meurtre lorsqu’ils se sont exprimés ouvertement pour défendre leurs droits ». 
La survie des peuples autochtones dépend donc – aujourd’hui encore – de leur capacité de résistance et des combats qu’ils peuvent mener pour imposer leur réalité. Il leur faut – par la lutte – conserver, développer et transmettre aux générations futures les territoires de leurs ancêtres et leur identité ethnique, qui constituent la base de la continuité de leur existence en tant que peuples, afin de sauvegarder leurs propres modèles culturels, leurs institutions sociales et leurs systèmes juridiques.

Récits d’une diversité incroyable des histoires et des lieux qui participent de la réalité universelle de ces minorités menacées. Récits de la diversité, ensuite, des menaces, économiques, culturelles ou politiques qui, encore aujourd’hui, frappent les peuples autochtones. Récits, enfin, de la diversité des luttes et des moyens mobilisés par ces peuples pour résister. Moyens parfois dérisoires, tant le déséquilibre est grand et la cause a priori désespérée, mais souvent décisifs et toujours essentiels car, sans ce combat-là, il n’y aurait plus de traces de ces peuples sur cette terre. Mais les images et les témoignages vont plus loin que la narration des combats. Ces récits montrent aussi l’universalité et la modernité extrême de ces combats. Pourtant fondamentalement liés au plus profond de leurs racines, les autochtones, témoins des origines de l’Humanité, nous interpellent sur des questions d’une absolue modernité.

Au travers de leurs luttes, ils nous parlent d’abord de Démocratie et de répression, de respect des droits humains, du racisme, de la question des minorités et de celle du droit des femmes et des jeunes filles particulièrement menacées. Ainsi, ces peuples nous interpellent et nous renvoient à notre mémoire coloniale, à nos responsabilités historiques face à leur destruction et – plus fondamentalement encore – à notre capacité à accepter, dans nos sociétés modernes, l’Autre avec toutes ses différences dans son regard au monde.

Ils nous parlent aussi du maintien et de la préservation de la nature et de la biodiversité. Par leurs combats contre la déforestation et les extractions pétrolières, les peuples autochtones posent la question de la vraie place de l’Humain au sein de la nature et illustrent la pensée de Claude Lévy-Strauss qui faisait de l’homme «  une partie intégrante de la nature, (qui) ne saurait en être dissocié que de façon artificielle et illusoire » (E. Terray, L’Homme, 2012).

Ils nous parlent enfin de diversité. Diversité d’abord linguiste, mais aussi culturelle et religieuse et de la capacité de faire vivre en paix et respect, les unes envers les autres, toutes ces cosmogonies qui témoignent du rapport complexe des individus et des groupes à l’humanité tout entière. L’UNESCO, en proclamant l’année 2019 année des langues autochtones, a donné à ce combat toute sa consécration et toute sa reconnaissance. En attirant « l’attention sur le risque de disparition des langues autochtones et sur l’impérieuse nécessité de préserver, de revitaliser et de promouvoir ces langues », la déclaration de 2018 de l’Assemblée générale de l’ONU résonne de cette volonté.


Et c’est sans doute cela qui doit retenir toute notre attention. Au-delà de leur inscription au plus profond de leurs traditions et de l’histoire humaine, les peuples autochtones nous posent des questions essentielles quant à notre avenir. Des Maoris de Nouvelle-Zélande aux Samis de Laponie, des Algonquins du Canada aux Awas de l’Amazonie, des Jarawas d’Inde aux Pokots d’Afrique, c’est bien, tout au long de ce festival, l’histoire de notre société qui va nous être racontée et la question de notre futur qui va nous être posée.

Un film de Pascal Blanchard et Bruno Victor-Pujebet, 2018
(52 minutes)

Pendant plus d’un siècle, les gran-des puissances colonisatrices ont exhibé comme des bêtes sauvages des êtres humains arrachés à leurs terres natales. Plus d’un milliard et demi de visiteurs ont découvert trente-cinq mille exhibés à travers l’Europe et dans le monde entier, lors d’Expositions universelles ou coloniales, dans des zoos, des cirques ou des villages indigènes reconstitués. Pour la première fois, un documentaire fait ressurgir ce pan oublié de l’histoire de l’humanité. Avec le concours des plus grands spécialistes internatio-naux, il retrace les destins de six exhibés, s’appuyant sur des archi-ves inédites, des images exceptio-nnelles et les témoignages de leurs descendants.

Un film de Zabou Laurent Richard, 2012 (52 minutes)

Ce film raconte le dernier combat mené par les Awas, une tribu con-damnée à disparaître silencieu-sement. Encerclés par les scieries clandestines, ils n’ont bientôt plus de quoi manger, faute de gibier à chasser dans une forêt chaque jour un peu plus amputée. Mais leur forêt, c’est aussi notre histoire. Car ce bois coupé illégalement finit parfois chez nous, dans nos ma-gasins, dans nos appartements, en lames de parquet. L’histoire d’une petite tribu face à un grand trafic. Un trafic qui rapporte plus de 15 milliards de dollars par an.

Un film de Richard Desjardins et Robert Monderie, 2007 (93 minutes)

Le film présente la nation algonqui-ne dans une perspective histori-que. Là où ils vivaient, ce que les Blancs leur ont laissé, ce qu’ils sont devenus. Les cinéastes visi-tent, une à une, toutes les commu-nautés algonquines. Rapid Lake, Kitcisakik, Lac Simon. L’inventaire, méthodique, permet d’aborder plu-sieurs des problèmes auxquels est confrontée la nation algonquine. Tout y passe. La dépossession. L’insalubrité. L’assimilation. Le taux de suicide affolant. Le désœuvre-ment. Les agressions sexuelles des Oblats. Et l’absence de con-certation des Algonquins. Un por-trait accablant.

Un film de Alexandre Dereims, 2018 (90 minutes)

Quelque part sur notre planète, il existe encore un endroit caché, de-meuré isolé du reste du monde jus-qu’à aujourd’hui. Le dernier paradis encore intact où les premiers hu-mains vivent toujours au commen-cement de l’Humanité. Ils s’appe-llent les Jarawas. Ils vivent sur les îles Andamans, en Inde. Ils ne sont plus que 400. Aujourd’hui, notre monde est sur le point de les faire disparaître. Nous sommes l’Huma-nité pose des questions essentielles sur nos origines, notre rapport à l’autre, notre façon de vivre en-semble, l’égalité entre les sexes, le combat pour le respect des droits humains et notre rapport à la na-ture. Il nous fait prendre conscience de la fragilité de notre bien com-mun, la terre et ses habitants. Nous sommes l’Humanité est leur unique témoignage.

Un film de Christian Lajoumard,2011 (52 minutes)

Le peuple Pokot est présent dans le nord-ouest du Kenya et dans une partie de l’Ouganda. Fiers, farou-chement indépendants, les Pokots sont dépositaires d’une culture très forte et de traditions particulière-ment vivaces. L’une de ces tra-ditions consiste à mutiler les jeunes filles : passage obligé de l’enfance à l’âge adulte. Ce film est le recueil de témoignages de ceux et de celles qui vivent cette tradition… la com-battent et souvent la subissent.

Un film de Kim Webby, 2015
(86 minutes)

L’activiste néo-zélandais Tame Iti, membre vénérable de la tribu Tū-hoe, est un homme de paix qui lutte depuis toujours pour les droits du peuple maori. Artiste et performer, il porte le Ta Moko, tatouage tradition-nel. Sa vie a changé le 15 octobre 2007, quand la police l’a emprison-né, l’accusant de terrorisme. Après six ans d’un combat acharné pour laver son nom, il a reçu des excu-ses officielles et réussi à rétablir le dialogue pour négocier de nou-veaux accords avec le gouverne-ment.

Un film d’Amanda Kernell, 2018 (113 minutes)

Elle, 14 ans, est jeune fille d’origine Sâmi. Elève en internat, exposée au racisme des années 30 et à l’hu-miliation des évaluations ethniques, elle commence à rêver d’une autre vie. Pour s’émanciper et affirmer ce qu’elle souhaite devenir, elle n’a d’autres choix que rompre tous les liens avec sa famille et sa culture.