Séance 2 - Rencontre avec Jean-Pierre Massias
À l’occasion du lancement du projet « Homes indiens de Guyane : une Commission Vérité ? », la deuxième rencontre du nouveau cycle de webinaires a été consacrée à un dialogue avec le Professeur de droit, Jean-Pierre Massias. Si ses recherches portaient initialement sur les transitions démocratiques en Europe de l’Est, elles se sont progressivement élargies à l’ensemble des aires géographiques, aux processus de paix et à la Justice transitionnelle. Président de l’IFJD, Jean-Pierre Massias prolonge également ses activités académiques, par de nombreuses missions sur le terrain. Il est à l’initiative du processus exploratoire à la mise en place d’une Commission vérité et réconciliation (CVR) en Guyane. Le webinaire a porté tant sur ses travaux, que sur son parcours.
Pr Jean-Pierre Massias
Jean-Pierre Massias est spécialiste des processus de transition démocratique et de Justice transitionnelle. Professeur de droit à l’UPPA et Président de l’IFJD, il a d’abord consacré ses recherches à l’espace soviétique, puis post-soviétique. Auteur d’une thèse intitulée Justice constitutionnelle et transition démocratique en Europe de l’Est (LGDJ, 1998), il a ensuite publié deux éditions de l’ouvrage Droit constitutionnel des États d’Europe de l’Est aux Presses Universitaires de France. Jean-Pierre Massias est également l’auteur de nombreuses contributions consacrées à l’analyse des transitions démocratiques au prisme du droit constitutionnel, ainsi qu’en matière de Justice transitionnelle. Enseignant-chercheur, il s’engage aussi sur le terrain, pour des demandes d’expertise mais aussi dans le cadre des actions menées par l’IFJD, notamment en République centrafricaine.
Les homes indiens sont des pensionnats catholiques, qui ont, en Guyane et avec l’appui de l’État français, hébergé environ 2000 enfants amérindiens et bushinengués. À l’origine, il s’agissait pour les religieux de dispenser une bonne éducation catholique, des valeurs spirituelles. Pour les enfants et leur famille, c’est surtout le souvenir du choc et des traumatismes qui subsiste tant en raison de la globalité de la violence culturelle occasionnée par cette intégration, que d’un certain nombre de pratiques autoritaires. Ces procédés d’assimilation ne sont pas propres à la France et ont été observés dans de nombreux pays. Ils ont débouché, bien des années après, sur la mise en place de commissions vérité participant d’un processus de réparation pour les victimes mais aussi de réconciliation nationale. Leurs conclusions ont parfois fortement ébranlé les opinions publiques et les gouvernements. Si l’exemple canadien des pensionnats autochtones est le plus significatif, d’autres États (Groënland, Suède, Norvège, Finlande, Australie et USA notamment) ont également été confrontés à ces phénomènes.
Dès lors, missionné par le Grand conseil coutumier et bushinengué, l’IFJD a engagé un processus exploratoire destiné à évaluer l’opportunité de la création d’une CVR en Guyane pour traiter le passé des homes indiens et leurs conséquences actuelles. Un Collectif pour la mémoire des homes indiens a également été créé le 2 février dernier. Essentiellement composé de victimes, l’un des quatre principaux objectifs de ce Collectif est justement la mise en place d’une CVR.
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