Les CVR en Amérique Latine

janvier
2018
Du 31/01/2018 14:00 au 03/02/2018 18:00

Participants

Colloques

Plaquette de présentation

Le colloque et le forum public « Les Commissions Vérité et Réconciliation en Amérique latine » sont organisés dans le cadre d’un projet incitatif de recherche de l’UPPA. Ce programme a également obtenu le soutien de la Mission de recherche Droit et Justice, de la Région Nouvelle Aquitaine et de la Communauté d’Agglomération Pau-Pyrénées

Les CVR, des mécanismes de natures très différentes

La Justice transitionnelle est devenue, depuis les années 1990, l’une des thématiques majeures du droit. Née après 1945, elle a pour objet de lutter contre l’impunité des auteurs de violences politiques et de participer au règlement des conflits et aux mutations démocratiques. Elle se caractérise d’abord par sa complexité institutionnelle. La Justice transitionnelle est en effet mise en œuvre au travers de mécanismes de natures très différentes : juridictions pénales permanentes, tribunaux mixtes ou « ad hoc » et même instances « para-juridictionnelles ». Les CVR sont l’un de ces mécanismes et symbolisent la spécificité de la Justice transitionnelle.

Les CVR sont le fruit d’une double innovation structurelle et matérielle. Elles sont des institutions originales dont la mission reste de construire des compromis face aux tensions contradictoires qui sous-tendent la période de démocratisation et de pacification. Les CVR ne sont en effet pas des juridictions, mais sont composées « d’experts indépendants, mandatés pour une durée limitée, afin d’enquêter sur les abus massifs aux droits de l’homme commis pendant une période déterminée du passé. Par le recueil de témoignages, elles doivent répertorier, dans un rapport public, les violations des droits de l’Homme, proposer des réparations, identifier les causes et préconiser des mesures pour prévenir la répétition » (E. Jaudel).

Les CVR traduisent donc un compromis, car elles tendent à satisfaire les quatre piliers de la Justice transitionnelle (droit à la vérité, à la justice, à la réparation et aux garanties de non-répétition) en se fondant sur une forme de justice non rétributive, centrée sur la recherche de la vérité et destinée à favoriser la réconciliation. Elles s’inscrivent ainsi dans la logique holistique de la Justice transitionnelle, tout en représentant une solution acceptable par tous.

Toutefois, le fonctionnement des CVR pose des questions fondamentales dont notamment celles de savoir si la vérité encourage effectivement la réconciliation et si la reconstruction et la justice peuvent admettre l’absence de sanctions judiciaires des auteurs de violations graves des droits de l’Homme. Dès lors, l’impact réel de cette forme spécifique de justice mérite d’être analysé dans une perspective de meilleure compréhension et explication de la Justice transitionnelle.

L’Amérique latine a été retenue comme première aire géographique de cette étude, car elle est l’espace au sein duquel sont nées les CVR. La CONADEP (Commission nationale sur les disparus) mise en place en 1983 en Argentine est en effet considérée comme la première véritable CVR. L’institution fut ensuite reprise dans plusieurs pays de cette zone, où elle connut de nombreuses évolutions et adaptations, justifiant une analyse comparative.