La guerre des femmes

juillet
2016
Du 03/07/2016 00:00 au 09/07/2016 00:00

Participants

Festival et Forum de Baigorri

Plaquette de présentation

Galerie photos

Le Festival de documentaires « La guerre des femmes » était organisé en parallèle de l’université d’été sur le thème « Femmes et Justice transitionnelle ». Toutes les projections étaient suivies de discussions.

Ce festival est l’occasion d’aborder la particularité des violences subies et commises par les femmes mais également d’illustrer la complexité qui caractérise le champ de la Justice transitionnelle. Les femmes sont en effet trop souvent et rapidement associées à la figure de la victime dans des contextes de violences extrêmes, de guerre civile ou d’exercice d’un régime autoritaire. 

Cette assimilation repose sur la réalité des violences subies par les populations dites vulnérables dont les femmes sont supposées faire partie. Cette fragilité présumée interroge. Elle pose également la question de l’existence des « femmes » en tant que catégorie les englobant toutes de la petite fille à la vieille dame en incluant la jeune femme et la mère, toutes zones géographiques confondues. Cette typification des victimes fondée sur leur féminité est-elle justifiée et, si oui, par quels critères ? Résident-ils dans les particularités physiques des femmes, les structures sociales pesant sur elles, les formes de violence exercées à leur encontre et/ou leur motivation ? Ces critères agissent-ils spécifiquement en périodes de crises ? Plus encore, que disent-ils de la masculinité et des relations entre les sexes ? Si elle surgit spontanément, la question des violences commises à l’égard des femmes est donc en réalité complexe.

La commission d’exactions par les femmes est un phénomène bien moins étudié. Féminité et violence sont en effet bien souvent perçues comme un oxymore dans l’inconscient collectif et parfois scientifique. À l’occasion des grands procès de la Justice pénale internationale, il a pourtant été prouvé que les femmes peuvent, tout autant que les hommes, être des bourreaux ou des génocidaires, impliquées dans les systèmes concentrationnaires, voire dans la commission d’infractions sexuelles. Exercées contre des hommes ou d’autres femmes, parfois avec la même ampleur et la même cruauté, ces violences restent cependant minoritaires. Leurs mobiles et leurs éventuels particularismes doivent donc également être analysés.

Si elles peuvent être victimes et/ou auteures des violations graves des droits de l’Homme, les femmes peuvent enfin être actrices de la Justice transitionnelle. Elles sont parfois même perçues comme devant nécessairement jouer un rôle moteur en la matière. Si la recherche de la vérité, la mise en œuvre de la justice, l’octroi de réparations ou l’établissement de garanties de non-répétition ne sont naturellement pas l’apanage des hommes, la question de la spécificité du rôle des femmes mérite d’être posée. Sont-elles forcément militantes de la Paix, portées à la réconciliation et impliquées dans la reconstruction ? Portent-elles un regard différent sur la Justice transitionnelle et empruntent-elles des chemins particuliers pour y contribuer ? Surtout, leur apport leur permet-il de conquérir une place meilleure et plus égalitaire dans la société pacifiée et démocratisée ?

Ces questionnements sont fondamentaux pour les femmes, les hommes et leur vivre-ensemble, ainsi que pour l’ex-plication et la compréhension des mécanismes de Justice transitionnelle.

Un film de Benoît Dervaux et André Versaille, 2014
(72 minutes)

Pendant le génocide au Rwanda, d’avril à juillet 1994, les viols ont été érigés en armes de destruction massive. Six femmes tutsies, violé-es dès avril 94 par des génocidai-res hutus, racontent leur calvaire : le viol, la grossesse, l’accouche-ment, l’errance, la condamnation à vivre avec un être issu de la bar-barie des hommes. Vingt ans après, le film suit ces femmes et leurs enfants devenus jeunes adul-tes. Six récits d’une insoutenable précision en même temps que d’une implacable dignité.

Un film de Stéphane Benhamou et Sergio G. Mondelo, 2012
(64 minutes)

C’est une loi de la guerre inavou-able : partout où il y a des soldats, il y a une prostitution couverte, en-cadrée ou même érigée en sys-tème par les forces militaires en présence, qu’il s’agisse d’unités combattantes ou d’armées de la paix. En commençant cette enquê-te, cette traversée d’une histoire parallèle et honteuse, les auteurs du documentaire pensaient seule-ment retrouver les traces d’un fol-klore nauséabond où le bordel entretient encore des fantasmes. Parce que, leur a-t-on répété « les hommes seront toujours des hom-mes », les soldats auraient un droit inaliénable à recourir à une pros-titution organisée pour eux afin de préserver leur moral. Quoi qu’il en coûte aux femmes. Les réalisa-teurs pensaient pointer des déra-pages, des bavures, des excep-tions. Mais au fil de leur enquête, ils ont mis au jour un système implacable, inévitable, de 1945 à aujourd’hui. Un système souhaité par les armées, entretenu par les sociétés militaires privées, couvert par l’OTAN et l’ONU. Ils ont mis en évidence les liens étroits – voire indissociables – entre les armées, leurs supplétifs et renforts, et la prostitution et les trafics sexuels. En Indochine, en Algérie, au Viet-nam, en ex-Yougoslavie, en Irak ou en Afghanistan, les contingents ne se sont pas contentés d’être de simples clients des prostituées, ils ont été les complices, souvent ac-tifs, des proxénètes.

Un film de Mylène Sauloy,
2016 (60 minutes)

Il y a plus d’un an, le monde saluait le courage des femmes kurdes des Unités de défense féminines (YPJ) qui avaient combattu pour libérer la ville symbole de Kobané, en Syrie, du joug djihadiste. Aujourd’hui, kalachnikov en main, elles poursui-vent leur résistance massive face à Daech, dans le Rojava, le Kur-distan syrien, comme au Sinjar, en Irak, vaillantes et militantes, des chants partisans aux lèvres. Leur slogan ? « Femmes ! Vie ! Liberté ! ». Mais cette armée de femmes, formée militairement et politique-ment, qui porte haut le projet d’une société affranchie du patriarcat, s’inscrit dans un mouvement de ré-sistance déjà ancien, créé il y a bientôt quarante ans en Turquie autour de Sakine Cansiz. Cofon-datrice du PKK, assassinée, avec deux autres militantes kurdes à Paris le 10 janvier 2013, cette icône a inspiré des générations de femmes. Elle est en outre à l’origine des communautés et des camps d’entraînement installés dans les montagnes du Qandil, au nord de l’Irak, qui rassemblent des femmes kurdes de la région mais aussi d’Europe, unies par un même idéal : construire des sociétés démocratiques, multiethniques et multiconfessionnelles pour, peut-être, changer l’histoire du Proche-Orient. Jeunes recrues ou plus anciennes, ces femmes, qui luttent en première ligne contre Daech, défendent dans le même mouve-ment – et le même sourire – l’égalité et la parité. Passionnant, ce documentaire en forme d’hom-mage montre comment une utopie salvatrice s’inscrit sur le terrain. Un féminisme vivifiant, servi par une remarquable maturité politique.

Un film de Josu Martinez, 2009
(72 minutes)

« Si l’on tue ton père alors que tu as 15 ans, il te reste un vécu avec lui, tu peux imaginer la vie que tu aurais pu avoir avec lui. Mais moi, je n’avais même pas deux ans. Je ne peux donc rien imaginer. Je n’ai aucun souvenir. Je n’ai rien ». C’est ainsi que parle Haize Goikoetxea, dont le père, Mikel Goikoetxea « Tx-apela », a été assassiné par les GAL en 1984. 25 ans plus tard, ce documentaire suit Haize alors qu’elle tente de partir sur les traces de son père en rencontrant ceux qui l’ont bien connu.

Un film de Marcel Schüpbach, 2007 (55 minutes)

Au cœur du Tribunal pénal inter-national pour l’ex-Yougoslavie, une femme se bat pour obtenir l’arres-tation des derniers criminels de guerre encore en fuite. Ils s’appe-llent Ratko Mladic, Radovan Karad-zic ou Ante Gotovina. Elle s’appelle Carla Del Ponte our la première fois, une caméra pénètre dans les coulisses du Tribunal pénal inter-national et suit au jour le jour le travail du procureur et des membres de son équipe. De La Haye à New York, en passant par Belgrade, Zagreb, Luxembourg ou Washing-ton. Dans une ambiance de chasse à l’homme et de partie de poker. Entre vérités et mensonges, tenta-tives de pression, fausses nouve-lles, succès et espoirs déçus. Pendant ce temps en Bosnie, dix ans après les événements de Sre-brenica, des femmes attendent que justice soit faite. Elles sont res-capées du massacre et s’inter-rogent. Peut-on croire encore à la justice internationale ? Ou celle-ci ne dépendelle que de la politique ? Protégée, mais seule, Carla Del Ponte se livre à une véritable cour-se contre la montre pour répondre à cette soif de justice alors que son second et dernier mandat est sur le point de s’achever.

Un film de Dominique Gautier et Jean Ortiz, 2015 (90 minutes)

La participation et le rôle des femmes dans la défense de la Ré-publique espagnole, dans l’anti-franquisme, ont été longtemps relé-gués, comme effacés. Leur reconn-aissance, relativement récente, n’est pas encore au niveau de ce que fut l’engagement des femmes espagnoles dans le combat anti-fasciste. Dominique Gautier et Jean Ortiz ont rencontré ces femmes courage, mères, épouses, en pre-mière ligne ou à l’arrière du front, miliciennes, combattantes, guérille-ras, agents de liaison. Des portraits chaleureux de femmes anarchistes, communistes, socialistes, des mots dits, des silences, des regards.
Beaucoup de dignité.

Un film de Thierry Michel et Colette Braeckman, 2015
(112 minutes)

Prix Sakharov 2014, le docteur Mukwege est internationalement co-nnu comme l’homme qui « répare » les milliers de femmes violées du-rant 20 ans de conflit à l’Est de la République démocratique du Congo – un pays parmi les plus pauvres de la planète, mais au sous-sol extrê-mement riche. Face à la barbarie, son émotion et son indignation de-meurent intactes. Sa lutte inces-sante, pour mettre fin à ces atro-cités et dénoncer l’impunité dont jouissent les coupables, dérange. Menacé de mort, ce médecin au destin exceptionnel vit dorénavant cloîtré dans son hôpital de Bukavu, sous la protection des Casques bleus. Mais il n’est plus seul à lutter. A ses côtés, les femmes auxquelles il a rendu leur intégrité physique et leur dignité sont devenues de véritables activistes de la paix.