Rire est un acte individuel, saisi par le droit privé. Cependant, rire est aussi un acte social. Le droit et l’État ne sont donc pas restés étrangers à cette réalité. Les études d’ensemble consacrées au rire sont pourtant rares. Certes, de très nombreux commentaires analysent de façon parcellaire et dispersée le sujet mais sans que ne se dégage une vision d’ensemble de la prise en compte par le droit du rire et de ses manifestations. L’ouvrage vise donc à porter un regard général sur la place du rire dans la société et en droit, spécifiquement sous l’angle du droit public et ce, selon quatre axes. La définition du terme « rire » soulève en premier lieu des enjeux conceptuels considérables.
L’humour, le comique, le divertissement, la moquerie, la satire, le ridicule, etc. relèvent-ils tous du registre très générique du rire ? Quel usage le vocabulaire juridique fait-il du terme ? En second lieu, le rapport qu’entretiennent le rire et le pouvoir apparaît complexe. Le traitement juridique du rire semble de ce point de vue fondé à partir de la conciliation classique du pouvoir et des libertés et révèle les tensions contemporaines qui animent l’État de droit. Rire est-il un droit ? Le discours humoristique bénéficie-t-il d’une protection particulière ? Le droit public encadre également le rire, sous l’angle des principales formes d’intervention de l’Administration (service public, police). En troisième lieu, le régime juridique de l’humour varie-t-il selon les formes et supports de ses manifestations collectives (droit du cinéma, de l’édition, de l’audiovisuel, de l’Internet, etc.) ?
Enfin, le quatrième axe vise à porter un regard sur le droit comparé car si rire est un phénomène commun à toutes les cultures, la façon dont il est juridiquement appréhendé diffère d’un pays à l’autre.