S’il est certain que la liberté d’expression « sans considération de frontières » prend tout son sens avec le développement et la propagation massive d’Internet, ce dernier présente de nombreux risques pour les mineurs. Outre les questions qui se posaient sur les médias traditionnels, l’avènement et l’implantation massive d’Internet, couplés à la convergence des médias et à un usage de plus en précoce et intensif des Technologies de l’Information et de la Communication par les enfants, ont entraîné de nouvelles pratiques qui présentent des risques inédits. Les caractéristiques d’Internet, à savoir l’interactivité, la transnationalité et la technicité, poussent à s’interroger sur les spécificités des fondements et limites de la protection des mineurs dans le cyberespace. Une fois ces spécificités dégagées, analysées et confrontées, reste alors à étudier les politiques et dispositifs de protection des mineurs sur Internet. Il est aujourd’hui évident que la révolution technologique – ou, à tout le moins, l’évolution des techniques – implique nécessairement une révolution juridique – ou, à tout le moins, une évolution juridique. À mi-chemin entre « cyber paternalisme » et « cyber libertarianisme », seule une approche multi-partenariale mettant à contribution les professionnels d’Internet et la société civile sous le contrôle des États permettra de concilier au mieux respect de la liberté d’expression et protection des mineurs dans le cyberespace.
Amélie Robitaille-Froidure Docteure en droit public chargée d’enseignement à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense.
Ses principales thématiques de recherche sont la liberté d’expression, les droits de l’enfant et le droit à l’éducation.
Elle est l’auteure de La liberté d’expression face au racisme paru en 2011.