Ces dernières années, la transparence est invoquée de façon récurrente dans le discours politique, en lien avec les objectifs de modernisation et de rénovation des institutions. L’idée n’est toutefois pas nouvelle, comme en témoigne la philosophie politique du XVIIIe siècle. Si la transparence administrative a retenu l’attention des juristes, son application au domaine politique a été beaucoup moins explorée. C’est pourtant un élément clé de la démocratie, dès lors qu’elle se rapporte au « pouvoir de surveillance » des autorités politiques par les citoyens. L’actualité politique et judiciaire (l’affaire Woerth-Bettencourt et les dons accordés aux partis politiques, l’enquête sur l’attentat de Karachi et ses liens avec le financement de la campagne électorale d’un candidat à l’élection présidentielle, plus récemment l’affaire Cahuzac mais aussi, outre-Atlantique, l’affaire Wikileaks et la diffusion par le biais d’Internet de documents diplomatiques) confirme, par ailleurs, l’intérêt de s’arrêter sur la transparence dans le champ politique. Cet ouvrage propose de revenir sur l’émergence et la construction de la notion de transparence dans la philosophie politique, dans le discours politique actuel et dans la jurisprudence avant de voir, à l’aune du droit positif, si la transparence est une formule incantatoire sans traduction juridique ou si on peut l’envisager comme un principe juridique, assorti d’obligations à l’égard des autorités politiques.